Quelle est la dynamique de l’éolien en Nouvelle-Aquitaine ?
La Nouvelle-Aquitaine est la plus grande région de France. Pour autant, elle n’est que la 4e en termes de puissance éolienne raccordée au réseau, malgré un gisement de vent intéressant. Ces chiffres la placent en retard par rapport aux autres régions, mais aussi par rapport aux objectifs fixés par le Conseil régional (dans un document nommé Sraddet).
En résumé : La Nouvelle-Aquitaine est la plus grande région de France. Pour autant, elle n’est que la 4e en termes de puissance éolienne raccordée au réseau, malgré un gisement de vent intéressant. Ces chiffres la placent en retard par rapport aux autres régions, mais aussi par rapport aux objectifs fixés par le Conseil régional (dans un document nommé Sraddet). La Nouvelle-Aquitaine étant très grande, on comprend facilement que les conditions varient largement rendant favorable ou non le développement des énergies renouvelables selon leur type. Le relief, les zones naturelles à protéger, les villes, les zones militaires ou les gisements de vents sont autant de variables qui expliquent qu’actuellement, le nord de la région (les Deux-Sèvres et la Vienne notamment) est plus favorable au développement de l’éolien. De la même manière que la Corrèze (avec ses cours d’eau) ou les Landes (grâce à l’ensoleillement) sont plus propices à la production hydraulique ou photovoltaïque.
Etat des lieux en Région et objectifs
La Nouvelle-Aquitaine est la plus grande région de France par sa superficie, elle a donc un rôle primordial à jouer dans le déploiement des énergies renouvelables. Par ailleurs, sa densité de population est plutôt faible. Le territoire présente donc de nombreux atouts pour l’éolien mais également pour le photovoltaïque et l’hydraulique. Toutefois, les ressources ne sont pas réparties de façon homogène entre les départements.
Au total, mi-2022, la Nouvelle-Aquitaine comptait 1 441 MW d’éolien en exploitation, pour 659 éoliennes, soit 7,2 % de la puissance nationale pour un territoire couvrant 15,4 % de la France métropolitaine (Source : Ministère de la transition énergétique – statinfo – tableau de bord éolien 2e trimestre 2022)
Les Schéma Régionaux de l’Eolien (SRE) sont des documents caducs mais ils peuvent être utilisés pour comparer les ambitions des anciennes régions à l’échéance 2020 avec les chiffres actuels. On constate que l’objectif agrégé des 3 ex-régions pour 2019, n’est rempli qu’à hauteur de 51 % (1 441 MW sur un cumul de 2 790 MW). La Nouvelle-Aquitaine accuse donc un retard considérable sur ses propres objectifs.
A présent, c’est le Sraddet (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires), validé le 27 mars 2020 par la Région, qui fixe les objectifs pour l’éolien. Il est prévu 4 500 MW d’éolien terrestre pour 2030 et 7 600 MW pour 2050. Cela correspond donc à un rythme d’installation moyen entre 2020 et 2030 de 335 MW par an, soit une petite centaine d’éoliennes (Source des chiffres : Région Nouvelle-Aquitaine – Rapport d’objectifs du SRADDET – 12/2019 (p.150)).
La Nouvelle-Aquitaine est donc historiquement en retard sur le développement de l’éolien, comparé à d’autres régions et en considérant son potentiel confirmé par les objectifs du Sraddet. En tenant compte de l’augmentation de puissance des éoliennes actuelles et du repowering (remplacer tout ou partie d’anciennes infrastructures énergétiques par de nouvelles), il faudrait ajouter 3 GW soit environ 750 éoliennes pour atteindre cet objectif (soit une multiplication par plus de 2 du nombre de mâts).
Contraintes techniques et gisement éolien
La répartition inéquitable de l’éolien sur le territoire s’explique par les contraintes techniques et le gisement de vent régional hétérogène. C’est une question éminemment technique et non politique, comme on peut souvent l’entendre. Le Sraddet prévoit le développement éolien en suivant une meilleure répartition entre les départements mais qui sera limité par le pragmatisme de ces enjeux.
Pour comprendre la répartition des éoliennes sur le territoire, on peut étudier les différentes contraintes par catégorie puis les superposer. Ci-dessous, une série de cartes propose une approche volontairement simplifiée pour illustrer les contraintes larges qu’il convient d’éviter.
- Environnement : Les zones protégées pour des raisons écologiques comme les sites Natura 2000 ou les Znieff 1. Sites et patrimoine : Les sites inscrits et classés ainsi que les sites Unesco et leur périphérie.
- Contraintes techniques type radars de l’aviation civils et militaires ou météorologique. Zones de protection aéronautique civils puis zones et couloirs d’entrainement militaires.
- Grandes zones urbanisées qu’il faut compléter par l’ensemble des habitations diffuses sur le territoire.
- La moyenne annuelle de vitesse du vent à 100 m de hauteur. Un gisement de vent annuel à 8,5 m/s (vert foncé) produit deux fois plus d’énergie qu’un gisement à 6,75 m/s (jaune orangé). Pour rappel l’énergie du vent est fonction du cube de sa vitesse (Voir taille et puissance). Le développement se fait donc en priorité dans les zones avec un meilleur potentiel énergétique.
Répartition de l’éolien et des énergies renouvelables par département
La superposition des contraintes rédhibitoires et du gisement de vent explique facilement la carte de répartition de éoliennes sur le territoire.
L’objectif ambitieux du Sraddet pose la question de la répartition des installations sur le territoire. Les chiffres par ex-région révèlent que 87 % de la puissance éolienne est installée en Poitou-Charentes pour 13 % en Limousin et rien en Aquitaine.
Considérant les contraintes applicables à l’éolien et le gisement de vent, le développement continuera d’être favorisé dans certains départements. D’autres départements pourraient prendre le relais dans une moindre mesure, grâce à l’amélioration de la technologie des éoliennes capables de capter des vents plus faibles. Toutefois, pour libérer le potentiel du territoire en Nouvelle-Aquitaine, il faudrait que certaines contraintes, en particulier militaires, soient levées.
L’éolien n’est pas une exception et on constate également un déséquilibre important entre départements pour le photovoltaïque et l’hydraulique. Cette carte représente la répartition de chacune de ces 3 énergies renouvelables électriques. Les 4 départements avec les puissances installées les plus importantes sont la Corrèze, la Gironde, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
Chaque département profite donc de son potentiel énergétique en déployant la ou les énergies renouvelables adaptées. En Limousin et Pyrénées-Atlantiques, c’est l’hydraulique qui domine. En Aquitaine, c’est principalement le photovoltaïque complété par de l’hydraulique vers les Pyrénées. En Poitou-Charentes l’éolien domine, complété par du photovoltaïque.
Il est donc illusoire d’attendre une répartition homogène de l’éolien sur le territoire néo-aquitain tout comme il n’est pas imaginé que l’hydraulique soit réparti équitablement entre département.