L’Allemagne ajoute-t-elle du charbon pour compenserson éolien ?
La France et l’Allemagne sont souvent utilisées pour des comparaisons, qui peuvent s’avérer hasardeuses tant les trajectoires historiques et les ressources disponibles y sont différentes. Avec 10 ans de recul, la décision prise par l’Allemagne de sortir du nucléaire, après la catastrophe de Fukushima en 2011, s’est principalement traduite par un essor des énergies renouvelable.
En résumé : La France et l’Allemagne sont souvent utilisées pour des comparaisons, qui peuvent s’avérer hasardeuses tant les trajectoires historiques et les ressources disponibles y sont différentes. Avec 10 ans de recul, la décision prise par l’Allemagne de sortir du nucléaire, après la catastrophe de Fukushima en 2011, s’est principalement traduite par un essor des énergies renouvelable.
Le charbon a certes été utilisé dans un premier temps (jusqu’en 2014) mais depuis, ce sont les énergies renouvelables (et le gaz dans une moindre mesure) qui ont remplacé le nucléaire et le charbon. Les comparaisons de la production des différentes filières allemandes, entre 2009 et 2018, sont explicites : le charbon est passé de 254 à 229 TWh ; le nucléaire de 135 à 76 TWh. Dans le même temps, les énergies renouvelables sont passées de 96 à 226 TWh (le gaz a stagné, de 81 à 83 TWh).
Lors des débats sur l’énergie et sur la production d’électricité en particulier, le cas de l’Allemagne est souvent pris en exemple à suivre ou à éviter. Or les mix énergétiques français et allemand sont difficilement comparables et sortis de leur contexte, les parallèles entre les deux sont parfois incohérents.
Historiquement, la France a très majoritairement misé sur la production électrique d’origine hydraulique puis nucléaire alors que l’Allemagne, surtout à l’est du territoire, a beaucoup de mines de charbon et donc une production électrique importante avec cette source.
Lors de la décision de l’Allemagne de sortir du nucléaire, les autres moyens de production électrique ont dû prendre le relais temporairement en attendant l’essor des renouvelables. En 2013, le prix du charbon était particulièrement bas. C’est donc le charbon, déjà très majoritaire dans le mix électrique, qui a été privilégié au détriment du gaz pour des raison économiques. Pendant cette période de transition, la puissance installée des centrales charbon a peu variée mais les installations ont été davantage utilisées. C’est le facteur de charge (Voir facteur de charge) de cette énergie qui a augmenté temporairement.
A partir de 2014, ce sont bien les énergies renouvelables qui ont compensé la baisse du nucléaire en Allemagne et qui ont également contribués, avec le gaz, à la baisse de la production à base de charbon.
Ces courbes présentent l’évolution de la production d’électricité en Allemagne par secteur sur la période 1990 à 2020 :
En Allemagne, on remarque que depuis 2007 la production électrique à partir de charbon a été divisée par 2 celle du nucléaire par 2 également tandis que l’éolien a été multiplié par plus de 3 et le photovoltaïque par 16. L’assertion selon laquelle l’éolien en Allemagne nécessite de relancer le charbon s’avère donc fausse et c’est bien le remplacement du charbon et du nucléaire par l’éolien et le photovoltaïque que l’on constate en Allemagne.
Le Danemark, pays européen dont le mix électrique comporte le plus d’éolien, présente un autre exemple. On constate que la production d’électricité ne comporte pas de nucléaire et que le charbon est en baisse constante ainsi que le gaz alors que l’éolien représente plus de 50 % de la production d’électricité.