Actualité 26 janvier 2024

Comment se porte l’éolien en Nouvelle Aquitaine ?

Relais local de la filière éolienne, adhérent du syndicat des énergies renouvelables et de France Renouvelable, Eolise mène un recensement détaillé sur les projets éoliens dans la région Nouvelle Aquitaine. Les chiffres clés sur l'état de la filière, présentés ci-dessous, attestent localement d'une situation inquiétante.

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Eolise publie des chiffres exclusifs sur le développement de projets éoliens dans la région. Ces chiffres sont publics mais sont rarement agrégés à l’échelle régionale. Notre travail de recensement local permet de mettre en lumière la situation inquiétante sur le développement de projets, dont les répercussions sur la construction de parcs pourraient de manifester dans quelques années, aggravant encore le retard de la France sur ses objectifs de développement des énergies renouvelables.

Lumière sur… la répartition géographique dans la région.

✔ En Nouvelle Aquitaine, une très large majorité des éoliennes est installée en Poitou-Charentes et dans une moindre mesure en Limousin. Aucun parc n’est construit dans l’Aquitaine. Cette répartition inégale s’explique par un meilleur gisement de vent dans le nord de la région, mais aussi par de nombreuses restrictions imposées par l’aviation civile dans le nord de l’Aquitaine et par l’armée dans le sud.

01 Répartition géographique des éoliennes et gisement de vent

💡 Pour rappel, chaque département bénéficie de gisements différents (ensoleillement, eau et reliefs, vent…) qui permettent le développement du photovoltaïque, de l’hydroélectricité ou de l’éolien, selon les atouts du territoire.

📍 L’ex-Aquitaine est ainsi la principale productrice d’électricité d’origine photovoltaïque, tandis que l’ex-Limousin a un parc hydroélectrique conséquent et l’ex-Poitou-Charentes bénéficie du meilleur potentiel de vent pour l’éolien. On constate que les 3 départements avec le plus de puissance électrique renouvelable installée sont la Corrèze, la Gironde et les Landes.

Lumière sur… La baisse inquiétante des autorisations préfectorales

✔ Les parcs éoliens sont soumis à une réglementation très stricte et les autorisations pour les construire sont délivrées par les préfets, mais de plus en plus par la cour administrative.

🌎 Malgré l’urgence climatique et énergétique, le taux d’autorisation des projets éoliens est en chute libre en Nouvelle Aquitaine. On constate qu’en 2018, 90 % des projets étaient acceptés et avec des volumes importants (385 mégawatts en 2018, puis 542 mégawatts en 2019). Cependant, en 2021 et 2022, seuls 31% et 33% des projets ont été autorisés par les préfets, malgré un retard considérable sur les objectifs régionaux. Cette évolution est très inquiétante et les chiffres sembles être encore plus alarmants en 2023.

04 La puissance éolienne autorisée en baisse en Nouvelle Aquitaine en mégawatts
03 La baisse du taux d’autorisation des projets éoliens en NA

📆 Il faut tenir compte du temps long des projets pour comprendre que ce très faible taux d’autorisation depuis deux ans ne sera à déplorer que vers 2028, par une absence de construction ou de renouvellement des parcs. Or fin 2030, l’écart avec les objectifs sera encore plus important et ne pourra plus être comblé.

Lumière sur… Le dépassement des délais d’instruction

🕰 En septembre 2022, le Gouvernement a demandé aux préfets d’accélérer le traitement des dossiers éoliens, dont les délais dépassent systématiquement les durées réglementaires (la durée théorique est de onze mois, ou quinze mois si on intègre la phase de réponse aux demandes de compléments).

😨 Un an et demi après cette circulaire, le constat est consternant : en Nouvelle-Aquitaine, les temps d’instruction (demande de compléments inclus) ont encore augmenté , passant de 30 mois (avant la circulaire) à 32 mois (depuis septembre 2022) alors que les autorisations baissent constamment (voir plus haut).

05 Les délais d'instruction hors la loi

☑ La circulaire de 2022 demandait pourtant des actions pour ne jamais dépasser un délai maximum de 24 mois (hors demandes de compléments), qui était déjà un maximum dépassant le délai théorique de onze mois.

🛑 Ces dépassements de délais, hors la loi, pénalisent grandement le développement de la filière et expliquent en partie le retard de la France dans le déploiement des énergies renouvelables.

Lumière sur… Le retard sur les objectifs régionaux

📍 La Région Nouvelle-Aquitaine est la plus grande région de France par sa superficie, elle a donc un rôle primordial à jouer dans le déploiement des énergies renouvelables. Sa densité de population est plutôt faible et elle bénéficie d’une belle exposition au vent (à l’exception du sud). Le territoire présente donc de nombreux atouts pour l’éolien

🚨 Malgré ces atouts, les objectifs régionaux pour l’éolien sont loin d’être atteints. Ces objectifs ont pourtant été revus à la baisse en 2020 (cf. le décrochement de la courbe entre 2019 et 2020) au passage des objectifs SRCAE à eux du SRADDET.

06 L’écart entre les objectifs et la puissance installée en NA

⚠ Malgré cette baisse d’ambition, la puissance éolienne installée sur le territoire reste insuffisante pour respecter les objectifs que la région s’est fixée. La chute des taux d’autorisation va aggraver ce retard.

🐌 Fin 2023, il manquait ainsi 800 MW d’éolien à la région pour atteindre son objectif, soit 3 ans de retard ! Concrètement, il manque 267 éoliennes, si on considère une puissance unitaire moyenne de 3 MW.

Lumière sur… Le rôle de la justice pour autoriser les projets.

👨‍⚖️ Depuis deux ans, la justice autorise plus de puissance éolienne que les préfets en Poitou-Charentes !

⛔ Le taux de refus et de rejet, par les préfets, s’est élevé à 67 % en 2022, en Nouvelle Aquitaine et jusqu’à 100 % pour certains départements.

✅ Pourtant ces projets n’ont pas perdu en qualité, ce qui pousse les porteurs de projets à contester ces décisions en justice. Dans le même temps, les quelques projets acceptés sont souvent contestés en justice par des anti-éoliens.

07 Quand la justice accorde plus de puissance éolienne que les prefets

🔴 La conséquence est une saturation de l’appareil juridique qui traite les dossiers, en l’occurrence la Cour d’appel de Bordeaux, pour les projets de la région.

💡 Ainsi, en 2022 et en 2023, la justice a autorisé plus de puissance éolienne que les préfets en Poitou-Charentes. Ce qui pose une réelle question quant à la responsabilité des préfets, qui, en refusant la plupart des projets, contribuent à la saturation de la Cour d’appel, génèrent des frais juridiques pour la collectivité et ralentissent la construction des projets d’environ 3 ans (le temps de l’instruction juridique).

Lumière sur… La multiplication des refus et rejets des projets éoliens (chiffres sur l’année 2023)

✔ Les parcs éoliens sont soumis à une réglementation très stricte et les autorisations pour les construire sont délivrées par les préfets.

🌎 Malgré l’urgence climatique et énergétique, le taux d’autorisation des projets éoliens est en chute libre en Nouvelle Aquitaine 📉 .

➡️ En effet, la puissance autorisée, après avoir largement baissé, stagne à des niveaux inquiétants, qui ne permettront pas à la région d’atteindre ses objectifs. En 2023, les 200 MW autorisés représentent 51 éoliennes répartis dans 4 départements.

🚫 Parallèlement, le nombre de refus (décision prise par les préfets en fin d’instruction) et de rejet (décision en cours d’instruction) augmente largement. Ce fut particulièrement le cas au cours de l’année 2023.

09 Eolien en NA - La multiplication des refus et des rejets
📆 Cette évolution est très inquiétante et nous tirons aujourd’hui la sonnette d’alarme, car les effets concrets se feront ressentir dans 3 à 4 ans, lorsque trop peu de parcs éoliens pourront être construits (par manque d’autorisations), alors que nos besoins électriques vont augmenter.